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Comme nombre d’activités aspirant à se détacher de leurs propres contraintes, l’art contemporain n’a pas manqué de réaliser ses propres pesanteurs, de déployer son propre code, de grimer son propre texte.

Rallonger la distance : c’est sans doute dans cette direction qu’ont été engagés l’essentiel des moyens dédiés à la relation du public aux œuvres. Entraver le pas vers la culture de toutes sortes d’autorités potaches, de rôles obscurs et de responsabilités insaisissables.
L’investissement dans une relation mystique aux œuvres et dans la réalisation d’une figure bohème de l’artiste procède de ce même travers : l’Art oui, pourvu que détaché du réel.

Les œuvres ne sont plus des œuvres mais des images. Les artistes sont de moins en moins des auteurs mais des prestataires au service d’un spectacle aussi flatteur qu’affranchi du social et du politique.

Et pourtant, il me semble qu’il demeure dans l’activité artistique quelque chose à défendre qui soit aussi important que la réciprocité de la liberté individuelle d’expression, aussi essentiel que la sensibilité et le discernement.

Le travail que je m’assigne pour l’Hôtel Elysées Mermoz ne vise à produire aucun bourdonnement, ni à contribuer au réchauffement d’aucun lac par l’envoi aveugle de milliers de messages électroniques. Je ne vérifie pas à priori mon existence par la diffusion massive de mes noms et prénoms; pas plus que je n’évalue la valeur de ma personnalité en utilisant le service de Google Analytics.
Ici, dans ce lieu destiné à autre chose qu’aux expositions, l’attention porte sur la qualité de l’accueil réservé aux personnes; l’hypothèse est soutenue que le commerce puisse être une technique et non pas un projet; que l’art soit l’occasion de rencontres et d’échanges désintéressés. Ici, l’on essaie d’intéresser la vie à l’art.

C’est dans ce faisceau de présomptions que sont à trouver les motifs qui m’ont conduit à cette offre de mécréant passée à Marie-Eugénie Barbey :
L’affaire commence par un blind date : une amie commune nous invite à faire connaissance. Comment faire? Il m’a semblé qu’une bonne façon de rencontrer quelqu’un ce pouvait être de réaliser ensemble quelque chose et que ce quelque chose serait une exposition. 
Le préalable, c’est la confiance. C’est ce qui m’a permis de proposer le commissariat de l’exposition d’été qui se tiendra ici, à l’Hôtel Elysées-Mermoz, comme moyen de faire connaissance.
Cette exposition est donc le support d’une rencontre, comme à en susciter, quitte à éroder d’une gourmandise ironique le titre de commissaire.
Marie-Eugénie est une personne amusée et curieuse, qui a pris ce jeu (choisir des artistes pour leurs travaux, s’en approcher, puis les montrer) avec suffisamment de rigueur pour qu’in fine les présentations soient faites et l’exposition ait lieu.
Je veux donc saluer la rigoureuse ténacité avec laquelle Marie-Eugénie a su me conduire mon attention vers des artistes et des travaux que mon goût m’avaient empêché de remarquer; la remercier également pour avoir assumé de nourrir ce projet d’exposition à l’Hôtel Elysées Mermoz.

Ce qui donne un assemblage sans titre approprié, ni apparent. L’exposition des œuvres de deux artistes que l’on pourrait rapprocher par les cheminements de l’identité et du genre mais que je préfère approcher sous l’angle d’une méta-image (celle du tertiaire devenu chorégraphie) ou comme un moi du soi (un dessin ça n’est pas une image).

Sylvain Sorgato

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