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La culture est une stratégie de survie. 


Elle favorise la circulation d’informations pertinentes, facilitant l’adaptation des groupes humains aux conditions changeantes du milieu dans lequel ils vivent.

La culture c’est ce que les Homo sapiens ont trouvé de mieux pour synchroniser leurs comportements avec le monde et favoriser l’épanouissement de leur espèce sur l’ensemble du globe.
L’art contribue à la réalisation de cette stratégie en fournissant des percepts et des concepts.

L’activité artistique n’est pas statique : elle est un récit ouvert, sans cesse reformulé par les apports délibérés de celles et ceux qui ont au fil de l’Histoire prétendu contribuer à la dynamique culturelle. 
C’est par leurs œuvres que les artistes contribuent à l’élaboration de la culture. L’importance de cet apport justifie la diffusion des œuvres :  parce qu’elles permettent de mieux percevoir un rapport au monde fait nôtre, un monde qui serait désormais de notre responsabilité.

Sans Clou ni Vis est une exposition qui prétend faire la démonstration objective de la contribution des œuvres présentées à l’élaboration d’une culture contemporaine.

À l’heure ou l’art est présenté sous la forme d’une gigantesque foire rassemblant des milliers d’objets coûteux et fragiles, l’exposition présente exclusivement des peintures murales.
Toutes ont été prélevées dans le corpus d’œuvres qui véhicule des préoccupations esthétiques différentes. 

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Christoph Hinterhuber

WONDERLAND (2018 RE-EDIT)

2018
dessin préparatoire

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Le rassemblement de ces peintures à l’occasion de l’exposition est structuré autour de propositions supplémentaires ou déductibles du travail engagé par ces artistes:

- les œuvres présentées sont toutes peintes au mur : elles n’ont donc fait l’objet d’aucun emballage ou suremballage ni en papier ni plastique ni ni en bois. Elles n’ont pas été non plus transportées dans des camions climatisés consommant du diesel et diffusant dans l’air des particules fines et éventuellement toxiques.

- les œuvres présentées ne sont pas des objets : il n’est pas possible de les détacher de leur support pour les transporter vers un lieu de conservation à l’abri des malfrats en attendant leur hypothétique valorisation. Comme ce ne sont pas des objets, il n’a pas été nécessaire de les faire couvrir par un contrat d’assurance. Ainsi, l’exposition ne participe pas à la création de monnaie à laquelle invitent le crédit et la spéculation. Elle ne permet pas non plus que les œuvres puissent être utilisées à des fins financières.

- les œuvres qui composent l’exposition ont toutes été peintes au mur, par des mains habiles, attentives et expertes. Elles sont toutes rendues possibles par la main d’œuvre et précisément dans cet ordre là : des mains au service des œuvres.
Ces œuvres sont donc l’expérience de leur réalisation, et la réalisation est le fait de personnes, employées pour leur savoir-faire. Ces œuvres ont été réalisées par des travailleurs qui voient dans cette activité un support possible à l’exercice de l’imaginaire.

- ces œuvres sont toutes programmatiques : c’est-à-dire qu’elles reposent sur un énoncé transmissible, qu’il est possible pour le visiteur d’interpréter et de s’approprier. Je ne crois pas qu’elles dissipent l’identité artistique de leurs auteurs, mais je pense volontiers qu’elles peuvent inciter le visiteur à en devenir un.

Ce sont ces arguments qui font la démonstration d’un rapport objectif entre ces œuvres et certaines des problématiques qui animent notre société. 

Si j’ai demandé à ces quatre artistes-là de me confier certaines de leurs oeuvres en vue de réaliser cette exposition, c’est parce que j’entretiens avec eux et leur travail des relations de long terme, demeurant attentif à la singularité de chacune des démarches et à la détermination avec laquelle ils la soutiennent. 
Je pense les expositions comme des occasions de travail pour et avec les artistes, comme l’occasion aussi d’entretenir le fil d’une conversation qui n’a rien de ponctuel et qui repose sur le respect mutuel de la liberté individuelle d’expression. Je prends les artistes pour des auteurs, et il arrive que leurs propositions m’intéressent au point que je veuille contribuer à les partager, à les défendre, à en débattre aussi.

Sylvain Sorgato

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John M. Armleder
Sans titre 2012 (dessin préparatoire)

2018
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John M. Armleder
Sans titre 2012 (en cours de réalisation)

2018
peinture acrylique

John M. Armleder

L’écart entre une œuvre qui serait décorative et une autre qui serait artistique est assez mince. L’exposition d’une œuvre est l’occasion de profiter des facultés décoratives, visuelles, ornementales d’une œuvre, et de s’attarder sur le sens véhiculé par cette même œuvre.

Oui : les œuvres ont belles. Et l’universalité de ce jugement n’apporte que peu d’eau au moulin de l’activité dans laquelle elle s’inscrit et qui en réalise l’exposition.

Une peinture murale est, paradoxalement, quelque chose qui va être recouvert, bientôt, pour laisser place aux œuvres de la prochaine exposition.
Simplement, la peinture murale réclame un investissement supérieur à une simple tractation, à un simple changement de clou : une peinture murale demande à être refaite, et j’emploie de préférence le terme de réactualisée.

Une peinture murale demande à être faite et à pouvoir être refaite, et elle convoque alors des attentions et des gestes qui vont sensiblement au-delà de ceux qui font traditionnellement l’exposition : mettre une vis dans le mur.
Difficile d’imaginer une œuvre, et à plus forte raison, une œuvre peinte, qui n’aurait pas la nécessité absolue d’un mur, d’une paroi ou d’une cimaise pour en assurer la verticalité, afin qu’elle puisse être placée bien en face du visiteur.

Les peintures murales de John M. Armleder assument et prennent en charge les murs qui définissent l’espace qui serait celui de l’exposition. Oui : le tableau déborde largement de son cadre, oui : la peinture assume et joue volontiers de cette relation en faisant l’aveu de la complicité avec la réalité du site qui, présentant l’œuvre, devient part entière de l’œuvre.

Et nous avec, en quelque sorte.
 

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John M. Armleder
Sans titre (réactualisation 2018)

2012
peinture acrylique

Christoph Hinterhuber

Difficile pour le regard d’échapper aux œuvres de Christoph Hinterhuber. 
Contrastées, hypnotiques, visuellement troublantes, ces propositions plastiques piègent les cônes et les bâtonnets que nous avons au fond de chaque œil, délivrant des sensations extrêmes qui troublent la perception.
Ce trouble est mis au service d’une  perturbation du sens littéral d’un message au profit de sa valeur symbolique.

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Christoph Hinterhuber
WONDERLAND (2018 RE-EDIT)

(en cours de réalisation)

2018
peinture acrylique

Ce traitement, appliqué à une proposition comme WONDERLAND, met de plain-pied la promesse qu’il contient sur le monde qui nous entoure. Le message n’est pas une image mais la réalisation de son utopie dans l’espace qui nous concerne. 
SUNRISE n’est plus l’indication d’un lever de soleil mais la révélation d’un horizon psychédélique, mystique ou mythique : la réalisation d’un jour nouveau. Ce ne sont pas les conditions météorologiques qui sont désignées, c’est notre capacité à façonner notre rapport au monde qui est sollicitée.

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Christoph Hinterhuber
WONDERLAND (2018 RE-EDIT)

2018
peinture acrylique

Christoph Hinterhuber s’approprie et réalise les symboles véhiculés par culture de la musique électronique et en particulier de la Techno.
L’artiste à trouvé là des inspirations aperçues dans l’histoire énergique des poètes et des insoumis, l’histoire des artistes subversifs auxquels il se réfère volontiers. Il ne s’agit pas pour lui d’entretenir un rapport établi au monde et à l’art, mais de contribuer à sa dynamique.

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Christoph Hinterhuber
POST KUNST PARA UNI (
réactualisation 2018)

2015
peinture acrylique

Gwendal Lego

 

Gwendal Lego ne crée pas de formes : il en trouve. 
En promeneur attentif, il sait que la fortune sourit à ceux qui nagent à la marge des courants. Il y a des trésors partout, sauf sous les panneaux indicateurs.
Il s’agit pour l’artiste moins d’accomplir des intentions délimitées que d’engager un processus dont il s’agira d’assumer les conséquences. 
Gwendal est attentif à son environnement, dont il reçoit des formes.

Qu’est-ce là qui m’a trouvé? La curiosité se mêle de responsabilité.
Le geste engagé n’a nul besoin d’être spectaculaire ou démonstratif. Il s’agit avant tout d’être attentif à la chose trouvée, de penser que la curiosité est un muscle qui se nourrit d’attentions parfois délicates.
Gwendal Lego à donc trouvé le moyen d’une peinture simple et toujours renouvelée. Une peinture identifiable et référencée, une peinture qui appartiendrait bien à l’histoire de la peinture, et qui serait absolument dépourvue des oripeaux de l’académie comme de ceux du spectacle. Un opuscule de peinture.

La taille compte assez peu, la flânerie davantage. Gwendal Lego se promène dans le monde et y découvre des choses comme on découvre une paréidolie : là où justement il n’y a rien de ce que l’on y voit, là ou précisément l’on persiste à se convaincre et où l’on sourit volontiers de croire.

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Gwendal Lego
Stampön

2018
peinture acrylique

Oscar Malessène

Le préalable d’une peinture d’Oscar Malessène est un dessin au crayon, une méditation géométrique dont les conclusions font l’objet d’un relevé millimétré.
L’artiste l’a d’abord vécue comme un songe, dont il aurait sorti sa propre reine du Monde, son idée d’une surface élégante, distinguée, suffisamment digne pour porter la hauteur des vues et des sentiments que l’artiste accorde à la peinture.
 
Les compositions d’Oscar Malessène se présentent comme les aplats de couleur qui composent une peinture abstraite, géométrique. 
Les couleurs sont choisies, élaborées avec soin, chaque ton est préparé, arrangé, cuisiné avec la minutie fébrile d’un alchimiste sur le point de voir ses recherches aboutir et la lumière révélée.
la réalisation est fine, irréprochable, libre d’index comme de tout signe expressionniste. L’artisanat de la réalisation est entièrement soumis aux instructions tirées de la rêverie. Il n’y a pas d’écart de traduction, pas d’adaptation, seulement une stricte mise en forme. L’hypothèse de l’idée rigoureusement réifiée.
Ces figures géométriques sont peintes avec la distance raisonnable qui permet de contenir et de malaxer le pathos dans le moment d’un travail aussi déterminé que sensible. 

Oscar Malessène compose des peintures instables qui réalisent sur le plan du mur des l’oscillations entre la planéité et la représentation d’espaces. Au dynamisme des compositions angulaires s’ajoute un trouble perceptif, une disruption cognitive causée par la contradiction des stimuli qui affirment simultanément le plan et le relief. La peinture est soutenue dans sa dualité : image et fait, artistique et décorative, concept et percept, sensible et mentale. 
Oscar Malessène n’a pas à choisir de camp : chaque peinture dont il est l’auteur est simultanément Jekyll et Hyde : le cas une étrangeté redoublée.

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Oscar Malessène
Peinture Murale (dessin préparatoire)

2018
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