expographie 1
Dans le cadre du Mois Américain, le Centre d'Art Bastille, en collaboration avec le Musée de Grenoble, est heureux de vous présenter :
Minimal/Maximal - Sculpter le vide
une exposition monographique de Fred Sandback
Tour de l'Isle, Musée de Grenoble, du 17 novembre au 23 décembre 2007
Dans le cadre du Mois Américain, qui anime Grenoble d’une douzaine d’événements artistiques, l’association Lieu d’Images et d’Art / Centre d’Art Bastille présente sur les cinq niveaux de la Tour de l’Isle, au Musée de Grenoble, une exposition de sculptures et de dessins de Fred Sandback.
C’est un vrai privilège de recevoir les oeuvres d’un sculpteur aussi rare qu’internationalement apprécié.
Il s’agit donc d’un travail de sculpture, mais d’une sculpture tout à fait particulière égard à sa très faible matérialité.
La sculpture nous a habitués à des masses opaques, à des solides en bronze, en pierre ou parfois en verre, et il s’agit ici de minces cordons de laine qui oeuvrent par suggestion.
L’effet optique est saisissant, intriguant, qui conduit souvent le public à se demander s’il voit, ou s’il croit voir.
J’entends souvent, à la sortie de l’exposition, des visiteurs dire qu’ils ont eu l’impression de voir, c’est à dire qu’ils en ont vu davantage qu’il n’y avait véritablement dans les salles, et c’est le gage de l’efficacité de ce travail.
L’exposition est donc assez spectaculaire, tout en reposant sur des moyens d’une invraissemblable légèreté : hors les dessins, les sculptures présentées pèsent en général moins de cinquante grammes.
Une autre particularité de ce travail est qu’il demande à être interprété par ceux et celles qui s’en donnent la charge; sur la base de dessins et de dimensions, il est attendu du commissaire de l’exposition (tâche que j’ai le plaisir d’assumer) d’interpréter les partitions en somme, afin d’en proposer une lecture juste dans un espace donné.
Ce rôle, un peu atypique, un peu bizarre parmi les tâches qui en général incombent aux personnels des sites d’exposition, rend les choses un peu difficiles : j’a à interpréter , essayer, choisir et décider de l’implantation de ces sculptures dans cet espace.
Mais il se trouve qu’au final, ces difficultés sont peu de choses en regard de l’importance et du plaisir qu’il y a à donner au public l’accès à ces oeuvres.
Ce travail de sculpture est éminemment respectueux du public auquel il ouvre un espace perceptif de la liberté et de la conscience.
Inutile d’être un expert en art pour visiter et apprécier le travail de Fred Sandback.
L’exposition comprend également une attention spéciale à l’adresse des enfants, et qui vient resituer les salles d’exposition comme un terrain de jeux pour le regard, l’attention et la compréhension.
L’exposition présente donc sur les cinq niveaux de la Tour de l’Isle, au Musée de Grenoble, une promenade-découverte qui tient sans doute quelques-unes de ses promesses : étonnement, curiosité, et quelque amusement.
Liste des oeuvres, documents et références exposées
L’intention première aurait pu faire l’objet d’une publication de type : Sandback pour les Nuls. Même si « nuls » nous saurons le rester le plus longtemps possible ; il s’agit pour ce projet d’exposition, d’ouvrir au plus grand nombre ce moment exceptionnel de l’art de la fin du XXème.
L’oeuvre de Sandback est régulièrement avouée comme une révélation à ceux qui en firent la découverte, l’expérience. C’est l’espoir de contaminer de nouveaux explorateurs qui nous a conduits à projet.
De cet espèce d’amateurs qu’il soit permis d’en saluer deux, qui ont eu la gentillesse de nous confier quelques unes des pièces qui composent leur collection : un ensemble d’oeuvres de Sandback ; ensemble qui permet de penser qu’au-delà d’une accumulation presque fortuite d’objets, se constituer une collection ce peut aussi être une façon d’accompagner un artiste dans son oeuvre.
Sandback était un très grand sculpteur minimal (ou alors pas du tout) : sa place dans le top 10 des sculpteurs minimalistes américains est indiscutable et donc très distanciée du grand public Français. En fait pour deux raisons :
La première tient à l’intellectualisme pris au sens péjoratif que le grand public attribue aux oeuvres de ce mouvement.
La seconde ne tient peut être pas tant de la fragilité des oeuvres qu’à l’énigme que peut représenter une sculpture de Fred Sandback pour les métiers de l’exposition.
Alors, dans un même mouvement, l’exposition voudrait présenter qu’il s’agit d’un authentique travail de sculpture, d’un moment de déambulation, de la perception et du bricolage absolument délicieux.
Cette oeuvre demande à regarder et à se déplacer. C’est un concentré d’exposition.
Ces oeuvres ne sont que des expositions, des expositions qui évoquent des plans et des volumes.
L’étirement entre la très faible matérialité des moyens et le surdimensionnement des formes suggérées provoque un moment de formes transcendées.
Le corpus d’oeuvres était constitué d’un choix dans la collection de Jean-Philippe et Françoise Billarant (trois sculptures, un ensemble de publications et cartons d’invitations, un ensemble de photostats, et un ensemble de sérigraphies).
Une sculpture a été empruntée à la collection du Musée de Grenoble, et une dernière sculpture fut empruntée au FRAC Bretagne.
L’exposition a été complétée d’un petit dispositif reprenant le projet du Cat’s Cradle, tel que décrit par Fred Sandback dans le texte : Children’s guide to seeing, et par l’agrandissement autorisé d’une photographie de Thomas Cugini.

Sylvain Sorgato :
Notes au sujet du montage de l'exposition Minimal/Maximal
Le musée de Grenoble a très généreusement mis à la disposition du CAB LIA la Tour de l’Isle pour y réaliser l’exposition de Fred Sandback.
Cette partie du musée est sans doute la plus ancienne qui soit conservée, elle a fait l’objet d’une réhabilitation et d’une mise aux normes de sécurité en même temps que le renouvellement de l’ensemble du site que constitue aujourd’hui ce musée.
La Tour de l’Isle est constituée de cinq niveaux superposés auxquels on accède par une passerelle vitrée. Ces cinq niveaux sont entourés d’une double circulation : l’une publique et l’autre technique, et offrent successivement trois salles de dimensions identiques puis d’une salle en terrasse et enfin d’une salle en mezzanine.

La particularité de cette tour, comme lieu d’exposition, tient donc dans la superposition de salles que l’on a plutôt l’habitude de trouver consécutives.
La similarité des trois premiers niveaux ajoute une certaine étrangeté : ces trois salles sont rigoureusement les mêmes, simplement, celle du milieu est symétrique aux deux autres.
Cette structure occasionne quelques difficultés pour quiconque chercherait à se faire une idée globale de ces espaces, il était même amusant de noter que des habitués du lieu pouvaient avoir du mal à s’orienter.

Le recours au dessin en trois dimensions s’est avéré très utile; à la fois pour se donner quelque moyen d’avoir une idée générale du site et de l’exposition, d’en préciser la succession des salles, des oeuvres et de leur installation, et également afin de partager l’avancée de ces propositions avec les personnes concernées.

Il m’importe de préciser que le dessin en trois dimensions est tout d’abord une pratique du dessin c’est à dire qu’il vaut pour ce qu’il permet d’envisager.
En rien il ne se substitue à l’expérience que procure l’exposition puisque celle-ci est une expérience de la sculpture et l’espace.
C’est un outil d’étude et d’appréciation très utile et efficace, qui se situe après les dessins produits par Fred Sandback ayant valeur d’instructions pour l’installation des sculptures, et avant de pénétrer dans les espaces, prêt à y vérifier ce qui aura été aperçu par le dessin.

D’avoir dessiné l’exposition avant de la réaliser permet sans doute (et dans ce cas précis) de s’y bien préparer, quitte à jeter les dessins préparatoires en parcourant des espaces désormais étudiés. Il se peut en effet, que l’accès aux espaces vienne démentir tout ce qui aura été envisagé, sans pour autant rendre inutile ce travail préalable.


Préambule :
Le plus difficile, peut-être, sera de noter, pas à pas, ou en résumé, les moments, certains des gestes, ou des vues de cette exposition. Je sais que les choses qui paraissent les plus simples cachent parfois de jolies complexités, et aussi que l’histoire des expositions fourmille d’anecdotes parfois intéressantes, souvent amusantes.
Ce faisant, je pense à Amy (que je ne connais pas), à Ghislain Mollet-Vieville et bien sùr à Jean-Philippe et Françoise : leur travail de documentation et de conservation m’est aujourd’hui très précieux, et je voudrais leur en rendre un peu en rédigeant ces lignes.
L’exposition a été préparée, c’est à dire qu’il a fallu se souvenir (Sandback à la villa Arson, le Bel Aujourd’hui à Villeurbanne, Busygoingcrazy à la maison rouge), lire, parler et dessiner un peu.
Un peu, et à distance. Maintenant voilà : ici, et maintenant, les espaces dont je ne sais dire s’ils sont nus ou vides.
Onze heures moins le quart, on a fait le tour de la Tour, en compagnie de Cécile Brilloit et de Guy Tosatto; Pascale Riou, qui m’assistera pour l’installation de l’exposition, nous a rejoints.
Le parcours de l’exposition, tel que présupposé, semble tenir le coup. Après les visions en 3d et sur l’écran, les plafonds me semblent sensiblement plus élevés et c’est plutôt un bénéfice.
Les volumes des trois premiers niveaux sont très homogènes, sans ornements ni fioritures, très lisibles et compréhensibles; l’énigme demeure dans la rotation de cette tour : ni Cécile ni Guy ne savent dire spontanément l’orientation des balcons des niveaux 4 et 5 depuis le niveau 0.

Je voulais commencer à prendre ces notes le jour d’avant, et me voici déjà le jour d’après.
Niveau 0 : la première salle c’est toujours un moment privilégié, l’énoncé de l’affaire.
Il s’agit donc de montrer une sculpture, et le travail, le travail tel que Sandback l’a marqué auprès de ceux qui l’ont pu voir à l’oeuvre.
Une sculpture ça n’est pas un tableau, ça n’est pas une image; et à plus forte raison s’agissant d’une sculpture post-minimaliste.
Je tenais donc absolument à présenter cette première oeuvre de profil, ou presque de profil, c’est à dire par le chant et surtout pas de face.
La sculpture est donc installée sur une oblique de la salle qui n’est pas tout à fait la diagonale de la salle quand bien même elle s’appuie exactement sur sa structure, sur un axe physique de cette salle : l’astuce est rendue possible par un léger décrochement des cloisons existantes et j’y retrouve ce qui fait pour moi un des charmes de ce travail : une règle sans doute, mais qui révèle des accidents, des chemins de traverse.

La photographie de Thomas Cugini était pressentie comme belle et juste quant à l’image qu’elle pouvait donner de Sandback au travail; envisagée comme intégrée, dimensionnée sur l’espace d’exposition, cette photographie devait être du même format que le mur qui la supportait.
L’ »illusion sans illusion » fonctionne peut-être aussi avec cette photographie agrandie à une échelle quasi-humaine. Elle est devenue une sorte de continuité de la sculpture montrée ici : les lignes se suivent, se répondent et, ensemble, viennent ouvrir à ce travail dans sa globalité, y incluant son installation.
L’application de ce tirage a été pour moi une énorme révélation : Sandback a les yeux fermés, dans une attitude sereine, plus facétieuse que mortuaire, et je n’avais pas vu cela dans les photos à dimensions réduites.

Nos craintes étaient aussi grandes que les espaces nous semblaient exigus, mais au final, je pense que rien ne résiste durablement à la solidité d’un travail. Les câbles électriques, ceux qui alimentent les appareils d’éclairage, quand bien même ils demeurent repérables dans l’espaces, ne créent pas véritablement une gêne, l’analogie est trop courte pour être valable, et que dire alors des chandails tricotés qui parcourent l’exposition aux poitrines des visiteurs?
Les volumes nous faisaient entrevoir le pire : nous avons sans doute organisé l’exposition de Fred Sandback qui a eu droit aux plus minuscules espaces (quoique, la salle de l’exposition à Munich en 1985 ne devait pas être très grande).
L’existant c’est l’existant, il n’y a pas à vouloir le transformer, l’adapter ou le déguiser, il faut simplement y accomplir le travail avec un peu de précision et assez de rigueur. Si les oeuvres sont efficaces, elles le demeurent.


Je crois que j’étais très déterminé dans l’implantation de la sculpture du niveau 0, ou alors que je n’avais pas vraiment d’autre choix, compte tenu des dimensions indiquées pour l’oeuvre et celles de la salle, tenant compte également de la combinaison entre cette sculpture et l’image collée devant cette embrasure.
Au premier étage, les choses se sont passées différemment.
C’est cette sculpture qui semblait s’imposer à ce niveau, comme variante de la première, comme une soustraction chromatique qui permettait d’ouvrir avec justesse une voie vers ce travail. Un dessin d’implantation, en plus du certificat, existe pour cette oeuvre. Ce dessin permet d’envisager la position à donner à cette sculpture dans une salle quelconque et dans le cas du voisinage avec d’autres oeuvres.
La connaissance de ce dessin m’incitait à cette oeuvre perpendiculairement par rapport au mur longitudinal opposé à l’accès à la salle, formant une sorte de cadrage, en plus de la division quasi-immatérielle produite par son installation. Or : les dimensions de la salle, ainsi que les câbles du système d’éclairage rendaient l’installation confuse, provoquant des télescopages malheureux. D’autre part, les dimensions de la sculpture étant trop proches de celle de l’espace donné, ses contraintes de construction devenaient inopérantes.
Il fallait donc trouver autre chose, changer l’axe de présentation de la sculpture.
Conclusion? Le certificat montre la sculpture de face et de profil, et l’implantation finale présente la sculpture de face, conformément aux intentions de son auteur et là quelque chose émerge et me frappe : j’y pense comme à un travail de sculpture, c’est comme tel que je veux montrer ce travail et qu’est-ce que je vois? Une statue équestre. L’impression est très forte : ces trois fils, diaphanes, qui s’évanouissent dans le plafond, suffisent à convoquer dans ma mémoire la vision de Parmigianni à Venise et celle de Louis XIV à Versailles. Il y a bien une face, et la distance qui nous permet l’approche de cette face; deux flancs, symétriques, et la distance contrainte, trop courte pour qu’on y puisse passer, et spécifie l’arrière, comme distingué de la face. Une petite révélation, une petite leçon (très formelle) de sculpture et de figure dans un espace.
Si la sculpture du niveau 0 en faisait déjà une splendide démonstration, celle-ci fait fonctionner à plein régime l’oscillation perceptive si particulière à ce travail et dont se régalent nombre de visiteurs : il en est évoquent une feuille de verre et font tout pour se convaincre de sa présence.
La sculpture du niveau 1 est quasiment invisible. Bleue clair, elle disparaît dans le plafond blanc. Impossible (pour un photographe comme moi) d’en tirer une photographie et c’est pour moi sans doute l’un des bonheurs de ce travail de sculpture : ce sont tellement des sculptures qu’il est impossible de les photographier, impossible d’en tirer une image satisfaisante.




La sculpture polychrome présentée au niveau 2 est autobloquante.
Cette sculpture est tendue obliquement par rapport au sol et mur qui la limitent, et les perçages sont perpendiculaires à ces surfaces. Donc : les perçages étant correctement dimensionnés sur les tubes de laiton, la tension entre l’oblique du cordon et les angles des tubes permet d’obtenir un ensemble autobloquant, maintenu par simple tension, sans colle ni chevillage.
Cette façon de procéder offre deux avantages : en cas d’accident la sculpture devrait se détacher d’elle même plutôt que de rompre, et il est ensuite très aisé de démonter cette sculpture afin de la présenter de nouveau dans une autre exposition.

Cette sculpture a la particularité d’avoir été peinte par Sandback lui-même, et il semblait délicat d’en exposer l’original. Une copie d’exposition a été réalisée par mes soins, calquée aussi exactement que possible sur l’original.
Trois couleurs acrylique employées :
bleu de cobalt, jaune de cadmium moyen, et rouge de cadmium moyen.

Les règles sont faites pour être lues, connues et respectées, mais réclament bien souvent d’être adaptées. J’ai donc bien étudié les méthodes d’ancrage des cordons décrites par Sandback et que Jean-Phillippe et Françoise conservent dans leur documentation.
Cela m’a beaucoup frappé, et assez amusé, de constater qu’aussi simple que puisse paraître l’installation des sculptures de Sandback, cela ait pu faire l’objet de précisions aussi minutieuses que répétées et reprécisées.
Mon expérience des oeuvres m’a souvent rappelé que l’on peut facilement s’épuiser à détailler des méthodes d’installation mais que l’on ne parvient que très rarement à les préciser de façon tout à fait complète.
Donc : à chaque fois il s’est agi d’adapter les méthodes d’ancrage des cordons aux particularités du site.
J’ai été particulièrement attentif à produire des installations qui soient auto-bloquantes, usant comme indiqué dans les méthodes décrites par Sandback de tubes et de freins.
La difficulté a été les plafonds des salles, que je croyais doublés et qui se sont révélées des dalles de béton. Le chevillage nylon est interdit, et la tension verticale fait un peu peur dans la mesure ou elle s’éprouve dans l’axe le plus faible de la sculpture : si les perçages étaient obliques, ils n’en seraient que plus solides.
J’ai donc employé de courtes longueurs de tubes de laiton, diamètre trois millimètres, en utilisant un court retour du cordon acrylique comme garniture de chevillage et un peu de colle, inutile donc d’y ajouter de l’adhésif qui risquerait de couler ou du ruban de masquage qui, avec le temps et les variations de température, risqueraient de se ramollir ou de glisser.
Il ne m’a pas été possible de trouver du cordon qui soit 100% acrylique; ceux utilisés pour l’exposition sont un mélange d’acrylique et de laine. Il est possible que du coup, les fibres étant plus courtes, les sculptures paraissent plus pelucheuses que d’habitude, mais mon expérience est encore trop courte pour pouvoir le dire.
Je pense que les peluches sont importantes en ce qu’elles compliquent le rapport à l’espace : diffuses, leurs limites ne sont pas tranchées (comme le ferait un fil de nylon ou d’acier).

Pénétrer dans une salle déjà occupée par le public empêche de voir et occasionne des accidents, j’ai pu le vérifier cinq ou six fois en deux jours.
L’exposition est presque invisible; quand bien même elle sollicite du regard le maximum de son acuité.
J’ai vécu quelques jours de terreur : convaincu qu’il y allait se produire des maladresses qui priveraient quelques visiteurs de la sérénité de l’exposition et obligeraient à des restaurations ou réinstallations parfois délicates : il est en effet souvent difficile de retravailler dans le même perçage.
Je veux saluer l’attention bienveillante, zélée et courtoise des agents de sùreté du musée, qui ont su avec discrétion rappeler au public que cette exposition était aussi délicate que fragile.
À mon grand étonnement, à ma grande joie, aucun incident n’a été à déplorer tout au long de l’exposition, alors qu’une simple maladresse aurait suffi.
J’aime beaucoup le Musée de Grenoble, aussi parce qu’il s’agit d’un musée municipal. Je demeure convaincu que, pour goguenard qu’il puisse exceptionnellement paraître, le public est tout à fait concerné par ce qu’il sait pouvoir trouver ici. On y emmène ses enfants, ses parents, et chaque menton à son importance.

Si un cordon venait à rompre, il le ferait en silence.

’entends souvent le public dire, assez émeveillés, avoir « l’impression de voir » et je trouve l’expression très jolie. J’aimerais bien en comprendre davantage sur ce que révèle cette remarque, cette impression, et qui se réfugie sans doute trop vite derrière l’illusion, fût-elle optique.
Il me semble en effet que les sensations ressenties en présence des sculptures de Fred Sandback proviennent d’un conflit entre ce qui est vu et la façon dont c’est interprété : s’il s’agissait d’une feuille de verre, elle ne tiendrait physiquement pas, il s’agit donc davantage de ce que le verre devrait savoir faire plutôt que de ce qu’il est possible de faire avec du verre.
Ensuite, il y a peut-être une situation de manque : ce plan qui n’y est pas, je crois pourtant l’entendre sonner. C’est pour cela que je pense que les sensations induites par les sculptures de Sandback, même fondées sur une observation visuelle, sont très physiques.




This show was made possible thanks to Élise Bureau’s great enthusiasm and energy,
Françoise and Jean-Phillippe Billarant who lent most of the works shown and
Guy Tosatto, Director of the Musée de Grenoble.
Sylvain Sorgato curated the show, helped by Cécile Brilloit and assisted by Pascale Riou.
The intention was to share the great enthusiasm Élise and Sylvain have towards Fred Sandback’s work.
The will was to offer a large coverage of this work, showing sculptures, drawings and documents.
The show was concieved for a very large public : the audience of the Musée the Grenoble.
Guy Tosatto suggested la Tour de l’Isle, a vertical construction composed of five levels, connected by a bridge to the main body of the museum.
The show took place from November 17th to December 23rd 2007, as part of the « Minimal Maximal, 4th American Month in Grenoble », organized by the Lieu d’Images et d’Art / Centre d’Art Bastille.
A lecture about Fred Sandback’s work was given at the Musée de Grenoble by Sylvain Sorgato on november 28th.
The show was named « Sculpter le vide ».
An illustrated leaflet was given to all the visitors of the museum.
Thanks to those without whom ...
CAB LIA :
Gabriel Nallet, Élise Bureau, Sylvain Sorgato, Vincent Verlé et Sébastien Pierrefeux
Sylvain Sorgato était assisté de Pascale Rioux
Musée de Grenoble :
Guy Tosatto, Cécile Brilloit, Jean-Luc Lacroix et Denise Chafino.
Lenders :
Jean-Philippe et Françoise Billarant, FRAC Bretagne, Musée de Grenoble
The picture used for the show is by Thomas Cugini
Translations :
Marie-France Unal
Amy Sandback and the Estate of Fred Sandback