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LOFT-ARTPLACE
27, rue des vinaigriers 75010 Paris

 

Andrew Dadson - On Kawara - Adam McEwen

Exposition inaugurale


du 15 décembre au 17 mars 2013

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Note du commissaire.

Cette exposition réunit quatre oeuvres de la collection de Patrick et David Frèche.

Le choix de rassembler ces oeuvres-ci, plutôt que d’autres, est, comme bien souvent à l’aube des projets, l’effet d’une intuition. 


Il ne s’agit ni d’une déclaration d’intentions (un statement) ni d’un énoncé.
C’est une ouverture, un premier pas, qui vient témoigner de l’attention que portent ces collectionneurs à l’époque à laquelle ils appartiennent, au temps qui est le leur, et aux gestes qu’il faudra, sans doute, accomplir pour éprouver et partager l’art qui fait le monde d’aujourd’hui.

Et eux aussi, changent le monde.
 

 

Sylvain Sorgato
 

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Andrew Dadson

Black restreched, 2011
Peinture à l’huile sur toile
61 x 50 cm
Provenance : galleria Franco Noero, Turin

Visible Heaven, 2008
édition anglaise, 19 x 28,5 cm (relié, couv. toilée), 168 pages (100 ill. n&b, tranche noire)
Edité par Kathy Slade. 

Le travail de peinture d’Andrew Dadson développe l’idée d’une action répétée dans le temps, qui interroge les notions d’espace et de limites.
Ses peintures cherchent une relation sculpturale avec l’espace, soit par la forme noire qu’elles y découpent, soit par l’échancrure produite par les gestes du peintre.
La peinture, performative, d’Andrew Dadson consiste à racler vers l’extérieur de la toile des couches successives de couleur qui sont finalement recouvertes d’une couche noire (ou blanche). 
L’épaisseur produite en périphérie de la toile, est la conséquence du geste du peintre, et renvoie la peinture à sa matérialité. 
Pour Dadson, peindre c’est réaliser la peinture à la frange qui sépare l’intérieur de la toile de l’espace qui l’environne.

Dadson est l’artisan d’une peinture méthodique, qui oeuvre à l’épreuve du temps.
 

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One Million Years
Past - For all those who have lived and died
Future - For the last one
, 1999
Deux volumes, 2012 pages chacun, 14,4 x 10,5 cm chacun
Produit et publié en 1999 par les Editions Micheline Szwajcer & Michèle Didier
©1999 On Kawara et les Editions Micheline Szwajcer & Michèle Didier
Provenance : Galerie Michèle Didier, Paris

On Kawara développe depuis 1964 des propositions conceptuelles dans lesquelles le temps occupe la place centrale.
Cet artiste ne dissocie pas sa vie de son œuvre et souhaite que sa biographie respecte le principe rigoureux qui régit l'ensemble de son travail : le simple décompte des jours. 
Au 15 décembre 2012  la biographie de On Kawara est de 29 208 jours.

Les Date Paintings sont sans doute les oeuvres les plus connues de cet artiste : On Kawara se donne la journée et pas au-delà pour peindre de façon très méthodique la date du jour sur une toile tendue sur châssis. 

One million years Past - One million years Future est l’œuvre impossible qui réalise une idée et une étendue, une mesure et peut-être un espace pour lequel la pensée vient au secours de l’imaginaire. 
Dédié à ceux qui furent ainsi qu’à celui qui sera le dernier, On Kawara désigne l’Homme comme gardien du temps, en ne produisant aucune vanité mais précisément un outil pour la conscience.

Cette oeuvre est la conscience du temps, sans recours à l’Histoire ni à l’ingénierie. 
Le paradoxe de cette œuvre est de réaliser une idée dont il est impossible de rendre compte.

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Triton ATM, 2011
Graphite, 152,5 x 40,5 x 63,5 cm
Provenance : Galerie Art : Concept, Paris

Le travail d’Adam McEwen souffle avec malice sur les dernières braises du désenchantement du monde.

En investissant dans les objets que les festivités du Pop Art ont soigneusement ignoré, il rappelle à la mélancolie du rapport européen aux objets.

Adam McEwen réinterprète dans un régime déceptif les objets familiers et les articles de la culture populaire pour éclairer d’un jour nouveau ces symboles qui règnent sur nos existences.
Il n’y a pas d’Art sans Histoire, et l’Histoire ne nous laisse pas quittes sans quelques bleus.

Ses sculptures sont le résultat d’un travail quasi clinique, mais le graphite est salissant.
Adam McEwen :
«Rétrospectivement, l’histoire du minimalisme n’est pas seulement celle d’une aura pure et sainte. Il s’y trouve une page cornée, humaine et sale. Il m’a semblé que le graphite pouvait traduire correctement cette idée».

Adam McEwen contemple l'histoire comme s'il s'agissait d'un grand mensonge et joue avec la perception des choses et la confiance du public envers les médias.

Voici donc la sculpture d’un objet dont il est permis de douter qu’il en vaille la peine : la réplique lisse et luisante d’un automate frontal et binaire. 
Adam McEwen s’empare du coffre-fort que l’industrie du crédit a placé entre les consommateurs et leur trésor, pour le replacer dans le monde de l’Art et de notre Histoire : entre Donatello et Warhol, entre Plutus (Dieu aveugle de la Richesse) et Minerve (déesse de la Culture).
Mieux : McEwen nous offre l’occasion de contempler depuis notre futur ce que fut notre présent sous la forme d’un objet qui rassemblerait ce dont nous aurions eu finalement raison : le carbone et le centralisme.

Tel Sysiphe dévalant la pente derrière le fardeau que les Dieux lui ont assigné, Adam McEwen rit et oeuvre à la rédemption par l’Art, l’Art comme promesse d’un rapport au monde défait des liens du spectacle.

C’est l’Art qui est aujourd’hui le distributeur des plus grosses coupures.

Sylvain Sorgato

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